Populisme

Publié le par TRUBLET Colette

LE POPULISME

Je me demande ce que veut dire ce mot et à quelle sauce il peut être utilisé suivant ceux qui l’emploient. Je me demande aussi quel effet il produit sur ceux qui se sentent visés.

Il y a certainement une définition savante du populisme. Mais en être accusé est forcément grave et me renvoie, avec mes co-électeurs, dans la catégorie de ceux qui ne comprennent pas les méandres compliqués de la politique. Il serait préférable, si je comprends bien, de faire confiance en aveugles, aux candidats dont nous devrions sentir, au pif, pardon, à l’intuition, qu’ils pourraient être des génies de la politique, puisque nous sommes par définition ignorants de cette alchimie qui produit des lois. Lesquelles lois permettent à tous, en principe, de vivre correctement et en paix.

Ce que je sais : La carrière politique va du balbutiant apprenti élu municipal au Maire, ou de l’attaché parlementaire au député. Et il y a les grandes écoles qui forment les politechniciens tous instruits dans le système. (Prestance, cravate, arrogance et ignorance des difficultés quotidiennes). Dans tous les cas, peu de femmes. Parmi les plus redoutables, la fac de droit nous donne des avocats d’affaires qui savent bien parler, bien expliquer, bien démontrer, fussent-ils en première année d’étude seulement sous la houlette d’un Papa en place, et qui en tout état de cause savent nous faire prendre des vessies pour des lanternes, et la liste en est très longue.

Je ne sais pas vous, mais moi je me sens obligatoirement visée quand je déploie une réflexion sur un sujet tel l’économie, la finance, et plus généralement la politique. Nous les électeurs, ne sommes spécialistes de rien de tout cela, et c’est pourquoi nous attendons généralement la dernière minute avant de nous sentir le droit de réagir parce que trop c’est trop ou que nos grands hommes (façon de parler…) exagère si visiblement, comme Monsieur Fillon en ce moment, que nous nous autorisons à courir le blâme d’être des « populistes ».

Pourtant si nous ne connaissons pas les méandres de la politique ni de l’administration qui en découle, nous voyons bien que :

- Des lois sont votées en catimini, un 29 décembre, ou dans la nuit, ou pendant les vacances pendant que nous avons le dos tourné.

- Nous voyons bien aussi que des textes de lois passe de 5 Pages à plusieurs centaines de pages au fur et à mesure de l’accumulation d’amendements rédigés directement par les lobbies et par différents attachés parlementaires. Elles deviennent illisibles, ce qui fait la fortune des avocats d’affaires chargés de dénicher dans le fatras, l’article qui permettra à un juge d’innocenter un prévenu prédateur des richesses nationales ou mondiales comme dans le cas de la plainte contre Monsanto : Des riverains de champs d’épandage de pesticides à l’essai ont d’abord obtenu gain de cause puis ont été condamnés en appel, les juges ne pouvant que constater l’existence de la loi, contre l’évidence, contre le bon droit et contre le bon sens.

- Nous voyons bien que les conflits d’intérêt sont à la base de tout le système réglementaire, particulièrement en France. Le système jacobin, centralisé et hiérarchisé favorise le copinage et laisse le champ libre aux lobbies qui font la pluie et le beau temps sur les comptes bancaires des particuliers. Les élus font carrière dans la politique ce qui leur donne le vie entière pour constituer des réseaux ; ils votent le montant de leurs rémunérations, des leurs indemnités et de nos impôts, et tout récemment encore une loi d’amnistie pour leurs malversations, celles qui ont plus de 12 ans d’âge …INOUÏ ; ils forment une caste qui exclut tout ce qui ne leur profite pas et nous abreuvent de considérations sur les bienfaits des richesses qui arroseraient tout le monde sur un mode pyramidale et tant pis si ça n’arrive pas jusqu’à la base.

Je reconnais volontiers que je n’y connais pas grand’chose en politique. Je reconnais qu’il m’a fallu bien longtemps pour faire attention aux conséquences des lois votées au parlement et encore plus d’essayer de comprendre les mécanismes sous lesquelles nous sommes en train d’être asphyxiés et stérilisés dans nos démarches et dans nos activités, y compris nos activités économiques de base : Un toit, un travail, un salaire, un environnement protégé.

Si parler de populisme à notre endroit consiste à nous faire croire à notre bêtise et à notre impuissance, il est temps de se demander qui parle de populisme et pourquoi ? En contre partie, qui pense que les flons-flons et les envolées lyriques à grands renforts de tambours et trompettes, de drapeaux et de bras levés vers le ciel sur les estrades des foires à l’élection sont capables de nous convaincre du « votez pour moi » ?

La silhouette de Hitler fanatisant les foules allemandes pour qu’elles l’aident à tuer quiconque lui déplait, se dresse en filigrane derrière ces nouvelles marionnettes surélevées qui gesticulent et qui parlent haut et fort pour mieux fasciner.

Partout dans le monde, la misère, l’angoisse et l’injustice qui se répandent actuellement comme avant les deux dernières guerres mondiales portent les foules à se rassembler. Elles sont inquiètes, exaspérées, parfois mal soignées et mal nourries, elles cherchent des issues à leurs misères. Nous voyons bien actuellement les mouvements de nos sociétés qui ne savent plus où donner du cœur et de la tête.

La destruction donne à celui qui s’y livre un sentiment de puissance immédiat ; la lente édification des conditions d’une fraternité universelle nécessaire à la protection contre la mort demande un effort qui dure depuis la nuit des temps. Nous sommes actuellement en danger d’explosion.

La Condition Humaine nous met en charge de savoir y faire avec nos peurs et nos angoisses réelles. Puisque tous nous craignons la souffrance, la douleur, et ce que nous ne connaissons pas de la mort, nous avons pour mission de résister à la facilité qui consiste à refuser de suivre un chef qui tente de nous convaincre de tuer ses adversaires, à coups de gueule, à coups d’arguments séducteurs destinés à nous enfumer et à nous aveugler. Nos partis politiques sont en guerre les uns contre les autres et nous y entraînent à notre corps défendant.

Compte-tenu de la situation je nous proposerais bien de réfléchir à une boîte à outils indispensable à tout électeur soucieux de bien voter et soucieux du bien public.

BOÎTE À OUTILS :

- Les ennemis : D’abord, je ne sais pas vous, mais moi je crois avoir identifié deux ennemis : La finance mondiale et le centralisme qui éloigne le pouvoir de l’individu dans son environnement.

- La finance mondiale : En ce moment notre ennemi mondialisé c’est la finance, celle prédatrice des richesses mondiales. Huit personnes ont accaparé 50% des richesses mondiales. Elles étaient dix l’année dernière.

Donc

Puisque nous savons que les lobbies de la finance mondiale dictent des lois à nos députés pour qu’ils aillent dans leur sens, pas question de voter pour un candidat qui par le passé a été condamné ou qui a été surpris le doigt dans le pot de confitures. (Je sais ça n’empêchera pas les menteurs et les beaux parleurs de mentir sur leurs agissements. Mais au moins nous serons ensemble dans le même état d’esprit et j’en espère une amélioration)

- La centralisation : Elle permet de déposséder les personnes du quotidien de la responsabilité de leur environnement et de la relation entre voisins qui pourrait le prendre en charge. La centralisation stérilise nos initiatives par un encadrement administratif où la pyramide des chefs et sous-chefs met en face à face rageur des forts très imperméables aux arguments de bon sens et des faibles désarmés. C’est grave. L’esprit qui règne est devenu exécrable et la méfiance qui s’installe peut dégénérer en déclenchant des bagarres entre voisins, de banlieues ou pas, pour peu qu’ils apparaissent mieux nantis, privilégiés.

Donc

Une nouvelle constitution est nécessaire.

Mon candidat sera celui qui mettra en chantier une nouvelle constitution pour modifier le système existant ; il devra tenir compte des doléances et des suggestions sur lesquelles travaillent déjà des citoyens réunis dans des groupes et des mouvements actuellement très nombreux.

Il y a à cet égard des écueils bien identifiés. :

- Cumul des mandats : Quand on est partout, on n’est finalement nulle part, ou bien on devient un petit chef de multiples sous-chefs et sous délégués qui enfument les rouages.

- Conflits d’intérêts (sur le modèle juge et partie) : l’élu vote le montant de sa rémunération, les lobbies imposent leurs décrets et leurs lois, les journaux sont subventionnés etc…

– Centralisation permettant un contrôle facile et unifié de l’économie privée mise au service d’intérêts mondialisés hors sol. Il conviendra de définir les missions des mairies et des Régions auxquelles de véritables pouvoirs et de véritables moyens devront être redonnés. Chacun sait ce qu’il peut pour soi et pour ses partenaires dans son environnement. Le téléguider est un non sens démocratique.

– Mélange des genres qui fait de l’élu un professionnel de carrière dans un système d’où sont exclus ses électeurs, et le fossé se creuse. On entend beaucoup dire en ce moment que la crise est « systémique. ». Actuellement l’élu tient sa légitimité plus de ses diplômes (Grandes écoles, ENA, Polytechnique, Science po, Fac de droit, HEC) que de son élection. Il n’est pas à sa place. Il écrase le savoir de l’élu du peuple qui sait ce qu’est la vie quotidienne des citoyens. D’ailleurs le parlement français n’est plus du tout représentatif.

Il faut donc que les élus soient différents des techniciens énarques et autres polytechniciens qui devront n’être sollicités que pour leurs compétences en cas de besoin et non pour qu’ils prennent des décisions à la place des représentants élus. Il faudra donc que le technicien soit au service de l’élu et non pas l’inverse comme actuellement.

Autrement dit la nouvelle constitution devra remettre les choses en ordre : L’élu décide, il demande, ou pas, l’avis des différents techniciens, technocrates et énarques sur des points précis de faisabilité économiques, juridiques, et non pas sur des intérêts privés. Le bien public appartient aux citoyens et l’élu le représente.

Mon candidat sera celui qui permettra la réorganisation de notre parlement et du Sénat dans une nouvelle structure.

Je verrais bien :

- Une limite à la durée et au nombre des mandats. Avec un renouvellement possible en cas de plébiscite à 75% des voix de leurs électeurs pour les Maires, et pour les députés.

- Un Sénat avec autant d’hommes que de femmes et des représentants par branches, ou catégories : Métiers de l’éducation, métiers de la santé, métiers manuels, métiers de la Terre, métiers de la mer, métiers de la justice, métiers de l’art, métiers de la communication, métiers nouveaux des énergies renouvelables, métiers des industries du net, métiers du transport Etc… La représentation par métiers permettrait une représentation de toutes les couches de la population.

- Un Parlement avec des représentants des vieux pays de l’hexagone (ou des Régions pour ceux qui préfèrent le découpage le plus récent) pour prendre en compte une vraie politique à la fois culturelle et économique et pour la resituer dans les structures européennes. Place ici à l’innovation et au projet de paix à l’œuvre depuis la fin de la deuxième guerre mondiale dans le droit fil d’une vocation européenne forte de son expérience, mais fragilisée par la financiarisation mondialisée d’une économie prédatrice.

C’est dire si la composition actuelle des assemblées pourrait être remaniées de fond en comble …

En guise de conclusion provisoire :

Qu’est-ce qui nous empêche d’innover ? On peut garder les murs et restructurer l’intérieur, Faire un grand ménage de ce qui nous encombre et ne nous permet plus de respirer. Des candidats nous proposent ce grand remaniement et nous y encouragent mais peut-être pas tout à fait assez vigoureusement ?

A nous de saisir les opportunités qui s’offrent à nous en ce moment où redeviennent possibles des changements vraiment importants Sinon nous pourrions déplorer des bousculades révolutionnaires qui seraient autant d’occasion de faire donner les forces de l’ordre pour nous asservir aux intérêts des plus riches, mondialisés. Il me semble que l’heure est suffisamment grave pour que nous nous reprenions en main.

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